Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/393

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Dans ce cas notre parti serait nécessairement appelé à participer au gouvernement et particulièrement chargé d’améliorer les conditions du travail. Nous n’entrerons pas plus avant dans les possibilités ; celles que nous avons pressenties suffisent à montrer que le mode de notre action dépendrait des circonstances dans lesquelles nous aurions conquis « une influence appréciable » .

Mais qu’entend-on par influence appréciable ou suffisante ? S’agit-il d’une influence exclusive ? de la possibilité pour nous d’appliquer nos principes sans autres limitations que celles que nous imposerait l’état économique lui-même ? cela signifie-t-il en d’autres termes que nous aurons en main le pouvoir gouvernemental ?

ou cela signifie-t-il simplement que nous aurons de l’influence sur un gouvernement formé en entier ou pour une très grande part par les autres partis ?

En ce dernier cas nous devrions, cela va de soi, agir autrement que dans le premier.

Et à l’intérieur de chacune des possibilités esquissées par nous, il y a des degrés sans nombre, des nuances dont chacune détermine un mode différent d’action.


Ainsi, selon Liebknecht, écrivant en 1881, il y a deux grandes hypothèses à faire sur l’avènement au pouvoir du parti socialiste allemand.

Ou bien il y sera appelé par une grande crise, par un cataclysme national, par une guerre malheureuse, par une explosion de misère, bref par une tourmente qui balaiera les pouvoirs anciens et fera nécessairement place aux pouvoirs nouveaux. Dans ce cas, il est certain que l’action du parti socialiste sera particulièrement énergique. Sur les ruines de l’institution impériale et des partis d’Empire, il se