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LE SOCIALISME ET LES PRIVILÉGIÉS


Certes, le Parti socialiste ne doit pas être l’écho confus des intérêts discordants ; il ne doit pas livrer sa pensée au désordre du monde présent. Il doit soumettre à l'ensemble du peuple un plan défini, des moyens précis d’évolution vers un but bien clair. Mais dans ce plan, dans ce programme, il doit tenir le plus grand compte de la diversité des éléments, des passions, des intérêts, des préjugés. Voici les paroles textuelles de Liebknecht :


Si nécessaire qu’il soit de laisser à tous les groupes d’intérêts le plus de jeu possible pour qu’ils manifestent leurs vues et leurs besoins, et d’admettre le peuple dans la plus large mesure possible à collaborer à la législation, il y aurait folie pour le gouvernement et pour le socialisme, — à abandonner à l’initiative du peuple toute la législation.

Le socialisme doit avoir un plan déterminé, facile à connaître, et le soumettre à la représentation du peuple, aux représentations diverses des intérêts.

La démocratie socialiste se distingue de tous les autres partis en ce que son activité ne se limite pas à quelques côtés de la vie de l’État et de la vie sociale, mais qu’elle embrasse également tous les côtés et s’efforce, par la réconciliation des antagonismes dans l’État et la société, de réaliser l’ordre, la paix et l’harmonie.

Elle n’est pas un parti des grands propriétaires et des féodaux, et par suite, elle n’a pas besoin de servir les intérêts des grands propriétaires et des hobereaux, comme le parti conservateur.