Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/437

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refuse le travail, c’est tout un ensemble de corporations. Ce n’est donc plus un mouvement corporatif : c’est un mouvement de classe. Et comment un mouvement général de la classe essentiellement productive, de celle que rien ne supplée, pourrait-il être sans action ?


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Mais, ici, il ne faut pas d’équivoque. Il ne faut pas s’imaginer que le mot de grève générale a une vertu magique et que la grève générale elle-même a une efficacité absolue et inconditionnée. La grève générale est pratique ou chimérique, utile ou funeste, suivant les conditions où elle se produit, la méthode qu’elle emploie et le but qu’elle se propose.

Il y a, à mon sens, trois conditions indispensables pour qu’une grève générale puisse être utile : — 1° il faut que l’objet en vue duquel elle est déclarée passionne réellement, profondément, la classe ouvrière. — 2° il faut qu’une grande partie de l’opinion soit préparée à reconnaître la légitimité de cet objet. — 3° il faut que la grève générale n’apparaisse point comme un déguisement de la violence, et qu’elle soit simplement l’exercice du droit légal de grève, mais plus systématique et