Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/440

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

publics qu’elle se prononcera, et la grève générale aboutira à un succès notable. Au contraire, si la masse indifférente n’avait pas été avertie et en partie conquise, c’est contre les grévistes qu’elle se prononcerait. Et comme aucune force, même révolutionnaire, ne prévaut contre l’opinion de l’ensemble du pays, la classe ouvrière subirait un désastre très étendu.


*
*   *


Enfin, je dis que si la grève générale est présentée et conçue non comme l’exercice plus vaste et plus cohérent du droit légal de grève, mais comme le prodrome et la mise en train d’une action de violence révolutionnaire, elle provoquera d’emblée un mouvement de terreur et de réaction auquel la fraction militante du prolétariat ne suffira point à résister.

C’est pourtant à cette conception que se sont arrêtés quelques-uns des théoriciens de la grève générale. Ils croient que la grève générale des corporations les plus importantes suffira à déterminer la révolution sociale, c’est-à-dire la chute de tout le système capitaliste et l’avènement du communisme démocratique et prolétarien. La vie économique du pays sera suspendue ; les voies ferrées seront désertes ; la houille nécessaire à l’industrie