Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/442

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générale. Je ne dis pas que ceux qui l’acclament y attachent tous ce sens. Mais je dis que pour ceux qui y voient l’instrument décisif de libération, elle signifie nécessairement cela ou rien.

Or, en ce sens révolutionnaire, je crois que c’est une idée fausse. D’abord, une tactique est singulièrement dangereuse quand elle ne peut échouer UNE FOIS sans entraîner pour la classe ouvrière des désastres immenses.

Les partisans de la grève générale ainsi entendue sont obligés, qu’on le note bien, DE RÉUSSIR À LA PREMIÈRE FOIS. Si une grève générale, après avoir tourné à la violence révolutionnaire, échoue, elle aura laissé debout le système capitaliste, mais elle l’aura armé d’une fureur implacable. La peur des dirigeants et même d’une grande partie de la masse se donnera carrière en une longue suite d’années de réaction. Et le prolétariat sera pour longtemps désarmé, écrasé, ligotté.


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Mais y a-t-il ainsi des chances de succès ? Je ne le crois pas. D’abord, la classe ouvrière ne se soulèvera pas pour une formule générale, comme serait l’avènement du communisme. L’idée de révolution sociale ne suffira pas à l’entraîner. L’idée socialiste, l’idée communiste est assez puissante pour guider