Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ENVOI

     Faisons bon guet sans decevance
Et assaillons par ordonnance,
Mon cueur, Dangier qui nous fait tort ;
Se prandre le puis par vaillance,
Je le tendray jusqu’à la mort.


BALLADE LI.

     La première fois, ma Maistresse,
Qu’en vostre présence vendray,
Si ravi seray de liesse
Qu’à vous parler je ne pourray ;
Toute contenance perdray,
Car, quant vostre beauté luira
Sur moy, si fort esbloïra
Mes yeulx que je ne verray goutte ;
Mon cueur aussi se pasme a,
C’est une chose que fort doubte.
     Pource, nompareille Princesse,
Quant ainsi devant vous seray,
Vueilliez, par vostre grant humblesse,
Me pardonner, se je ne sçay
Parler à vous, comme devray ;
Mais tost après, s’asseurera
Mon cueur et puis vous contera
Son fait, mais que nul ne l’escoute ;
Dangier grant guet sur lui fera,
C’est une chose que fort doubte.
     Et se mettra souvent en presse
D’oüir tout ce que je diray