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était et ce qu’il ne pouvait pas ne pas être : une pure abstraction musicale. Toute la partie vocale de l’air s’envola dans la mélodie ; celle-ci fut chantée, raclée et sifflée, sans qu’on se doutât qu’elle dût reposer sur un texte. Mais, plus les expériences de toute sorte, auxquelles on soumit ce parfum pour lui donner un corps quelconque, jusqu’à en faire le prétexte sérieux du drame, étaient nombreuses plus on sentait qu’à force de se mêler avec des éléments étrangers il perdait de sa force et de sa grâce voluptueuse. Or, celui qui rendit à ce parfum si peu naturel, un corps factice, il est vrai, mais imitant à s’y méprendre le corps naturel d’où jadis on avait tiré ce parfum, pour le lancer de la plénitude de sa nature dans les airs ; ce fabricant extraordinairement habile de fleurs artificielles qu’il formait de velours et de soie, les revêtant de couleurs variées ; celui qui humectait leur calice desséché de ce parfum distillé, et avec tant d’art que ce produit trompeur ressemblait presque à une vraie fleur ; ce grand artiste fut Giaccomo Rossini.

Ce parfum mélodique avait trouvé dans Mozart une nature humaine, vigoureuse, entière, artistique, un terrain si fertile, que la belle fleur de l’art vrai