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sur une base insipide des édifices musicaux étincelants d’or et de jouer l’inspiré et l’enthousiaste, quand le poëme est vide et creux, afin de bien montrer ainsi que le musicien est le personnage principal capable de tout faire, même de créer quelque chose avec le néant, — absolument comme le bon Dieu !

Oh ! que j’admire Mozart de n’avoir pu trouver, pour le Titus et pour Cosi fan tutte, une musique comme celle de Don Juan ou celle du Figaro. Il était impossible à Mozart d’écrire de la belle musique lorsqu’il n’était pas inspiré. Bien que cette inspiration dût venir de lui et de ses propres facultés, cependant elle n’était chez lui claire et lumineuse, que lorsqu’elle était allumée par une cause extérieure, que lorsque le génie du divin amour qui était en lui rencontrait un objet assez attachant pour qu’il pût s’y donner tout entier en s’oubliant lui-même. Et c’est ainsi que le plus absolu de tous les musiciens, Mozart, eût été l’homme qui depuis longtemps eût résolu le problème de l’opéra, en coopérant à la création du drame dans toute sa beauté, dans toute sa vérité. Mais il lui fallait rencontrer un poëte que lui, musicien, n’eût eu qu’à