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qui en réalité n’aboutit pas. De cette façon l’espoir qu’avait l’auditeur de voir exposer une pensée poétique fut étouffé, et la jouissance de la mélodie fut, pour lui, d’autant plus amoindrie que le désir, d’entendre cette mélodie avait été éveillé sans être satisfait. En dehors des passages, où il était permis au compositeur de considérer sa mélodie naturelle comme pleinement justifiée, ses aspirations artistiques et élevées n’y sont couronnées d’un réel succès que lorsque, par amour pour la vérité, Weber renonce complètement à la mélodie absolue, lorsqu’il rend — comme dans la scène de début du troisième acte, les sentiments du discours dramatique par l’expression musicale la plus noble et la plus fidèle ; lorsqu’il place le but de son travail artistique personnel, non plus dans la musique, mais dans la poésie elle-même, qu’il n’emploie la musique que pour la réalisation de ce but. J’ajoute que la musique seule pouvait réaliser ce but si complètement et avec une vérité si persuasive.

La critique n’a pas consacré à Euryante toute l’attention que cette pièce mérite par les enseignements qu’elle renferme. Le public, partagé entre