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isolés de la scène d’amour que je viens de citer nous oblige à méditer sur le genre de démence qui étouffe dans le germe les plus nobles facultés du musicien, imprimant à sa muse le fade sourire d’une coquetterie répulsive ou les contorsions grimaçantes d’une ambition en délire.

Cette démence consiste dans cette idée du musicien, d’obtenir par ses propres forces des résultats auxquels il ne peut prétendre et auxquels il ne peut que participer, puisqu’ils sont produits par d’autres facultés que les siennes.

L’ambition mal placée, qui poussait le musicien à satisfaire sa vanité et à chercher l’éclat d’une puissance sans bornes, a réduit ses riches moyens à la misérable pauvreté dans laquelle nous apparaît maintenant la musique des opéras de Meyerbeer. En voulant imposer ses formes étroites au drame, cette musique a mis en pleine évidence la roideur et la stérilité de ces formes. En cherchant à paraître riche et variée, elle est descendue comme art musical, à une indigence morale si complète, qu’elle est obligée de faire des emprunts à la mécanique.