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plètement à sa fantaisie rêveuse, là où l’individualité d’une passion définie et limitée n’entrave pas son imagination, là où il peut s’égarer librement dans le vaste domaine du sentiment.

Pour comprendre les chefs-d’œuvre de cette forme de l’art, il ne lui faut ni théâtres luxueux, ni chanteurs étrangers, ni décors féeriques. Un piano, un violon suffisent pour éveiller dans l’imagination les plus délicates, les plus ravissantes impressions ; chacun sait jouer de l’un de ces instruments, et, dans le plus petit endroit, on trouve un nombre suffisant d’artistes pour composer un orchestre en état de rendre les plus puissantes et les plus gigantesques créations. Serait-il d’ailleurs possible, même avec le plus luxueux concours des autres arts, de montrer quelque chose de plus magnifique, de plus grandiose, qu’un simple orchestre, exécutant une symphonie de Beethoven ? Assurément non ! Les plus riches décors ne peuvent rien produire d’aussi beau que l’exécution des chefs-d’œuvres de la symphonie.

La musique instrumentale est donc la propriété exclusive de l’Allemand ; c’est sa vie, c’est sa création ! Une des raisons principales du développe-