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épanouissement aux aspirations du peuple. Mais jamais un besoin analogue ne s’est manifesté chez les Allemands pour la musique dramatique. Dès son apparition en Italie, l’opéra avait pris un caractère si sensuel, si luxueux, que l’Allemand sérieux et sentimental n’éprouva jamais le besoin d’en jouir. L’opéra, grâce aux ballets et aux décors, était bientôt devenu l’occasion d’un plaisir voluptueux pour les Cours ; si bien qu’en fait, pendant les premiers temps ce genre ne fut prisé et protégé que par elles.

Mais comme les Cours en général, et également les Cours allemandes, étaient complètement séparées et isolées de la nation, leurs plaisirs ne pouvaient pas naturellement être du peuple. Aussi pendant presque toute la durée du siècle dernier, voyons-nous l’opéra considéré en Allemagne comme un genre complètement étranger. Chaque Cour avait sa troupe italienne qui chantait les opéras des musiciens de la péninsule ; car à cette époque on ne pouvait pas se figurer d’opéra chanté autrement qu’en italien et par des Italiens.

Le compositeur allemand qui voulait faire un opéra, devait apprendre la langue italienne, et la manière de chanter des Italiens ; on pouvait donc le