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chanteur isolé, de sa fantaisie personnelle qu’il s’inspire, mais bien du sentiment de l’ensemble ; alors nous nous apercevons que, soudain, l’orchestre se met à jouer correctement ; l’impression produite par ce phénomène ne peut être que très-agréable lorsque, après l’exécution pénible d’un opéra, on passe à celle de tel ou tel ballet.

Dans l’opéra, le régisseur, lui aussi, serait en mesure d’obtenir, à certains égards, un résultat de ce genre ; mais, chose étrange, en dépit de l’incapacité plus ou moins notoire du directeur musical, la fiction se soutient sans que l’on s’occupe d’elle directement, et comme si l’opéra était une œuvre purement musicale. Si, grâce à l’instinct merveilleux de quelque chanteur de talent, et d’un personnel de musiciens et d’artistes électrisés par le sentiment de l’œuvre, il se produit un succès réel, on en attribue tous les jours le mérite au chef d’orchestre. On le considère comme résumant en sa personne l’ensemble de l’exécution ; c’est pour lui comme une action d’éclat. En pareille occurrence, et au milieu des félicitations dont il est accablé, ne doit-il pas être pour lui-même un objet d’étonne-