un liquide épais, qu’il récolta sur des feuilles et dont l’odeur aromatique était des plus agréables.
« Bénito a raison de dire que c’est de l’encens, et je crois ne pas me tromper en ajoutant que ce doit être le même produit dont nous avons trouvé les restes clans les vases de la ville Lorillard.
« L’arbre qui le donne est un des plus beaux de la forêt, il est delà famille des BalsamiflLiées, et le genre se rapproche de celui des Platanes ; il est très rare, aussi la résine du liquidambar atteignait-elle un prix fort élevé chez les nations indiennes civilisées. On ne l’employait pas seulement comme encens pour le brûler en l’honneur des dieux ; on l’employait également comme objet de toilette à l’usage des femmes et des jeunes filles à la mode du vieux temps. Leurs soubrettes d’alors, après les avoir enduites d’une couleur rouge transparente qui adoucissait, les teintes cle leur chair cle bronze, les frottaient avec une brique élégante couverte de résine liquidambar qui s’exhalait cle leur corps en parfum très doux.
— Je m’imagine cette friction comme assez pénible, observa Eléonore.
— Et moi, cela me fait penser à Morcillo quand je l’étrille, dit François.
— Ah ! gamin », fit Sulpice atterré.
On regagna le camp, où don Pépé racontait à Frémont que chaque nuit il était inquiété par les jaguars qui venaient rôder autour de sa paillote et se désaltérer au ruisseau. « Je ne les tire pas, disait-il, préférant employer mes munitions, fort rares depuis longtemps, en besogne plus utile ; mais, puisque vous nagez dans l’abondance, amusez-vous si cela vous plaît ; peut-être abattrez-vous quelque bel animal dont la dépouille vous rappellera le souvenir de notre dernière entrevue.
— C’est une idée ; mais ne craignez-vous pas que l’arrivée au camp de tant de monde, que l’odeur des mules, n’empêchent l’animal de venir ?
— Je l’ignore, mais on peut essayer ! En tout cas je vais vous montrer l’endroit où le jaguar vient ordinairement. »
