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CHAPITRE V

Arrivée au chantier. — Organisation. — Histoire de l’acajou. — Papillons et oiseaux-mouches. — Un serpent coral. — Abatage des bois. — Photographies. — Le fourmilier. — Un tapir.

Le lendemain dans l’après-midi, après une journée pénible et sans eau, des coups retentissants vinrent frapper les oreilles des voyageurs : c’était le bruit des haches indiennes abattant les arbres ou équarissant les troncs. On approchait du chantier ; pour annoncer son arrivée, Frémont déchargea les six coups de son revolver. Il était attendu, les gens ne furent point surpris.

Quelques minutes plus tard, l’entrepreneur et le contremaître accouraient au-devant de leur patron et lui souhaitaient la bienvenue. En quelques minutes on atteignit le centre de l’exploitation, où les Indiens avaient fondé un village entouré de cultures en plein rapport ; le coup d’œil en était pittoresque, il frappait d’autant plus les arrivants que depuis quelques jours ils n’avaient vécu que dans les bois.

Ces forêts qui paraissaient désertes sont néanmoins parcourues et habitées par de petites tribus de sauvages, les Lacandons, qui fuient l’approche des civilisés et transportent au loin leurs pénates dès que la présence des blancs leur est signalée.

C’était justement sur l’emplacement d’un village lacandon que l’entrepreneur de Frémont avait établi son campement : une plaine assez vaste, que bornait au nord une jolie rivière, servait de champ de culture ; elle était entourée de petites collines sur