Page:Charrière - L'Abbé de la Tour, tome III, 1799.djvu/170

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coup d’utiles lumieres, ne nous a donné ni mœurs ni humanité. Ce sujet les conduisit aux querelles politiques. Tous deux étoient bien résolus à ne s’en mêler jamais, et à laisser leur pays s’arranger au gré du grand nombre, qui, tôt ou tard devoit, à ce qu’ils pensoient, avoir le dessus. En cela ils se trompoient peut-être ; il y a tant de gens qui, pris ensemble ou séparément, n’offrent aux yeux d’un observateur, qu’une machine incapable de volonté et de raisonnement ! C’est ce que Ste. Anne ne voyoit pas sans doute, quand il rejettoit les appellations collectives, et que, de peur qu’on ne sentit point assez le bien et le mal de son semblable, il vouloit qu’on dît : Les soldats souffrent de la faim, et non point : l’armée est mal approvisionnée.