Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/112

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remede qui nettoye et guarit, c’est une serieuse et honteuse confession de ses fautes ; l’autre fauls, qui ne faict que desguiser et couvrir, est excuse ; remede inventé par l’autheur du mal mesme, dont dict le proverbe que la malice s’est elle-mesme faict et cousu une robe ; c’est l’excuse, la robe faicte de feuilles de figuier des premiers fautiers, qui se couvrirent et de parole et de faict, mais c’estoit d’un sac mouillé. Nous debvrions donc apprendre à nous accuser, dire et confesser hardiment toutes nos actions et pensées ; car, outre que ce seroit une belle et genereuse franchise, ce seroit un moyen de ne rien faire ny penser que ne fust honneste et publiable. Car qui s’obligeroit à tout dire s’obligeroit aussi à ne rien faire de ce qu’on est contrainct de cacher. Mais au rebours chascun est secret et discret en la confession, et l’on ne l’est en l’action : la hardiesse de faillir est aucunement compensée et bridée par la hardiesse de confesser ; s’il est laid de faire quelque chose, il est encore autant ou plus laid de ne l’oser advouer. Plusieurs grands et saincts, comme Saint Augustin, Origene, Hippocrates, ont publié les erreurs de leurs opinions : il faut aussi le faire de ses mœurs. Pour les vouloir cacher, l’