Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/12

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qu’il se delibere et resolve de se delivrer, preserver et garantir de deux maux, qui sont du tout contraires et formels empeschemens de sagesse. L’un est externe, ce sont les opinions et vices populaires, la contagion du monde ; l’autre interne, ce sont les passions ; et ainsi se faut-il garder du monde et de soy-mesme. Desia se void combien cecy est difficile, et comment se pourra l’on deffaire de ces deux. La sagesse est difficile et rare ; c’est icy la plus grande peine et presque le seul effort qu’il y a pour parvenir à la sagesse. Cecy gagné, le reste sera aisé : c’est la premiere disposition à la sagesse, qui est à se garder et preserver du mal contraire à son dessein. Et cecy est le fruict de tout le premier livre, auquel l’on a pu apprendre à cognoistre le monde et soy-mesme, et, par cette cognoissance, estre adverty et induict à s’en bien garder. Et ainsi le commencement de ce livre sera la fin et le fruict du precedent.