Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Pour sçavoir quelle est la vraye pieté, il faut premierement la separer de la faulse, feincte et contrefaicte, affin de n’equivoquer comme la pluspart du monde faict. Il n’y a rien qui fasse plus belle mine et prenne plus de peine à ressembler la vraye pieté et religion, mais qui luy soit plus contraire et ennemie que la superstition : comme le loup qui ne ressemble pas trop mal le chien, mais est d’un esprit et humeur tout contraire ; et le flatteur qui contrefaict le zelé amy, et n’est rien moins : (…). Et est aussi envieuse et jalouse, comme l’amoureuse adultere, qui, par ses petites mignardises, faict semblant de porter plus d’affection, et se soucier plus du mary que la vraye espouse, laquelle elle veust rendre odieuse. Or les notables differences des deux sont que la religion ayme et honore Dieu, met l’homme en paix et en repos, et loge en une ame libre, franche et genereuse ; la superstition crainct, tremble et injurie Dieu, trouble l’homme, et est maladie d’ame foible,