Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/333

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sur la poincte, et ne veulent rien quitter, ne sont communement propres aux affaires : (…). Après le conseil nous mettrons les finances, grand et puissant moyen ; ce sont les nerfs, les pieds, les mains de l’estat. Il n’y a glaive si tranchant et penetrant que celuy d’argent, ny maistre si imperieux, ny orateur si gaignant les cœurs et volontez, ny conquerant tant preneur de places, comme les richesses. Parquoy le sage prince doibt pourvoir que les finances ne faillent ny ne tarissent jamais. Ceste science consiste en trois poincts : fonder les finances, les bien employer, et avoir tousiours en reserve et l’espargne une bonne partie pour le besoin. En tous les trois le prince doibt esviter deux choses, l’injustice et la sordidité, en conservant le droict envers tous, et l’honneur pour soy. Pour le premier, qui est faire fonds et accroistre les finances, il y a plusieurs moyens, et les sources sont diverses, qui ne sont pas toutes perpetuelles, ny egalement asseurées, sçavoir le domaine et revenu public de l’estat, qu’il faut mesnager et faire valoir sans jamais l’aliener en aucune façon, comme aussi