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il faut qu’elle soit déclarée par le vrai souverain ; que la cause en soit juste, et à bonne fin, c’est-à-dire pour arriver à la paix. La prudence exige que l’on considère les forces Je l’ennemi, le basard des .événemens, les grands maux qu’entraîne l’état de guerre. Pour faire la guerre, quand elle est déclarée, trois choses sont nécessaires : des munitions, des hommes, une bonne tactique. Les munitions consistent en argeîit, en armes et en vivres : quant aux hommes, on doit préférer l’infanterie à la cavalerie, les nationaux aux étrangers qui ont toujours pour maxime : ibifas, ubi maxima jtierces. Les premiers sont plus loyaux, plus courageux, plus affectionnés au bien du pays, et coûtent moins ; les seconds font plus de bruit que de service, sont onéreux et odieux à*la patrie, cruels aux citoyens qu’ils fourragent comme ennemis. Ces derniers ne sont employés que par les tyrans qui sont haïs de leurs sujets, et qui les redoutent. r Les troupes se divisent en troupes ordinaires et en troupes subsidiaires. Il faut des deux, mais peu des premières , qui sont toujours tenues sur pied et en armes. Le choix des soldats exige de l’attention : les succès résultent moins du grand nombre que de la valeur. Il faut considérer dans le choix des soldats, le pays, l’âge, le corps, l’esprit, la condition et profession, surtout avoir soin de les bien discipliner. Une bonne discipline doit tendre à deux fins, à les rendre vaillans et gens de bien. On les rend vaillans par l’exercice, (et c’est de là qu’est venu le mot latin exerciius y armée ), par le travail et par l’ordre. Pour en faire des gens de bien, il. faut les accoutumer à la continence , à la modestie en paroles, à l’horreur de toute violence ou pillage. — Après le choix et la discipline des soldats,-on s’occupera des chefs. Il y en a de deux sortes : le général et les officiers. Il ne doit y avoir qu’un général, sans quoi l’on s’expose à tout perdre,