Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/376

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et au bien du pays, et coustent moins, et sont plus prests que les estrangers, souvent mutins, mesme au besoin, et faisant plus de bruict que de service, et la pluspart importuns et onereux au public, cruels à ceux du pays, qu’ils fourragent comme ennemis, qui coustent à les faire venir et retourner ; et les faut attendre souvent avec dommage grand. Que si en une necessité extreme il en faut, soit : mais qu’ils soyent en beaucoup plus petit nombre que les naturels, et ne fassent qu’un membre et partie de l’armée, non le corps ; car il y a danger que, s’ils se voyent autant, ou plus forts que les naturels, ils se rendent maistres de ceux qui les ont appellez, comme il est advenu souvent ; car celuy est maistre de l’estat qui est maistre de la force : et aussi qu’ils soyent, s’il se peust, tirez des alliez et confederez, qui apportent plus de fidelité et de service que les simples estrangers : mais de se servir plus d’estrangers que naturels, est à faire aux tyrans qui craignent leurs subjects, parce qu’ils les traictent comme ennemis, se font hayr d’eux, dont ils les redoubtent, et ne les osent armer ny aguerrir. Quant aux ordinaires et subsidiaires, il en faut de tous les deux : mais la difference entre eux est que les ordinaires sont en petit nombre, sont tousiours