Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/387

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empoigner les occasions, n’en perdre pas une, et ne permettre, s’il se peust, que l’ennemy prenne les siennes. L’occasion a grand cours en tous affaires humains, specialement en la guerre, où elle ayde plus que la force. 2 faire son profict des bruicts qui courent, car vrais ou fauls peuvent beaucoup, mesme au commencement : (…). 3 mais, quand l’on est en train, il ne s’en faut plus donner peine : les considerer bien, mais ne laisser à faire ce qu’on doibt et peust, ce que la raison conseille, et demeurer là ferme. 4 sur-tout se garder de trop grande confiance et asseurance, par laquelle on mesprise l’ennemy, et se rend-on nonchalant et paresseux, c’est le plus dangereux mal qui soit en guerre. Qui mesprise son ennemy se descouvre et se trahit soy-mesme : (…). Il ne faut rien mespriser en guerre, car il n’y a rien de petit ; et souvent de ce que l’on pense bien