Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/390

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

s’il est propre pour soy ou pour l’ennemy. Le champ donne quelquesfois un très grand advantage. La pleine campagne est bonne pour la cavalerie : les lieux estroicts, garnis de marests, fossez, arbres, favorisent l’infanterie. Regarder avec qui, non avec les plus forts, j’entends plus forts, non d’hommes, mais de courage. Or il n’y a chose qui donne tant de courage que la necessité, ennemy invincible. Parquoy je dis qu’il ne faut jamais se battre avec des desesperez. Cecy s’accorde avec le precedent, qui est de ne hasarder bataille dedans son propre pays ; car l’ennemy entré y combat comme desesperé, sçachant que, s’il est vaincu, il ne peust eschapper la mort, n’ayant forteresse ny retraicte ou secours aucun, (…). La maniere plus advantageuse, quelle qu’elle soit, est la meilleure ; surprinse, ruse, à couvert, feignant d’avoir peur pour attirer l’ennemy, et le prendre au piege, (…) ; guetter et marquer ses fautes, pour s’en prevaloir et le charger de ce pas.