Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/413

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

force gens contre soy. Quelquesfois faut dilayer la punition : bien faut-il promptement pourvoir à sa seureté. Mais les conjurez peuvent estre tels ou la descouverte faicte en tels temps, qu’il n’en faut pas faire le semblant ; et les vouloir punir sur l’heure, c’est jouer à tout perdre. Le meilleur de tous, c’est de prevenir la conjuration, l’eluder et rendre vaine, feignant pour ce coup ne sçavoir les conjurez, mais faire comme si l’on vouloit pourvoir à autre chose ; comme firent les carthaginois à Hannon leur capitaine : (…). Mais, qui plus est, quelquesfois faut pardonner, si c’est un grand à qui le prince et l’estat soyent obligez, duquel les enfans, parens, amis, soyent puissans. Que ferez-vous ? Comment rompre tout cela ? S’il se peust avec seureté faut pardonner, ou au moins addoucir la peine. La clemence, en cest endroict, est quelquesfois non seulement glorieuse au prince, (…), mais de