Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/444

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se plaist par-tout, et en toutes choses. Il faut bien faire la mine conforme à la compagnie et à l’affaire qui se presente et se traicte, et s’accommoder à autruy ; triste, si besoin est, mais au dedans se tenir tousiours mesme. Cecy est la meditation et consideration, qui est l’aliment et la vie de l’esprit, (…). Or, par le benefice de nature, il n’y a occupation que nous fassions plus souvent, plus long-temps, qui soit plus facile, plus naturelle et plus nostre, que mediter et entretenir ses pensées. Mais elle n’est pas à tous de mesme, ains bien diverse, selon que les esprits sont : aux uns elle est foible, aux autres forte ; aux uns c’est fetardise, oysiveté languissante, vacance et disette de toute autre besongne ; mais les grands en font leur principale vacation et plus serieux estude, dont ils ne sont jamais plus embesongnez ny moins seuls (comme il est dict de Scipion) que quand ils sont seuls et sejournent d’affaires, à l’imitation de Dieu, qui vit et