Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/446

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se font, se disent, s’en faire leçon, se les appliquer sans en faire bruict ny semblant. Et pour plus particulariser, nous sçavons que le debvoir de l’homme envers soy est en trois, comme il a trois parties, à reigler et conduire l’esprit, le corps et les biens. Pour l’esprit (le premier et principal auquel appartiennent premierement et par preciput les advis generaux que nous venons de dire), nous sçavons que tous ses mouvemens reviennent à deux, penser et desirer ; l’entendement et la volonté, ausquels respondent la science et la vertu, les deux ornemens de l’esprit. Quant au premier, qui est l’entendement, il le faut preserver de deux choses aucunement contraires et extremes, sçavoir sottise et folie, c’est-à-dire de vanitez et niaiseries d’une part, c’est l’abastardir et le perdre ; il n’a pas esté faict pour niaiser, (…) : et d’opinions fantasques, absurdes et extravagantes, d’autre c’est le sallir et vilaner. Il le faut paistre et entretenir des choses utiles et serieuses, le teindre et abreuver des opinions saines, douces, naturelles ; et ne faut pas tant estudier à l’elever