Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/84

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il y a de poulles chez sa mere, et cognoistre ses cousins, comprendra combien il y a eu de roys et puis de Caesars à Rome. Il ne se faut pas deffier de la portée et suffisance de l’esprit ; mais il le faut sçavoir bien conduire et manier. Le troisiesme est de se porter envers luy, et proceder de façon non austere, rude et severe, mais douce, riante, enjouée. Parquoy nous condamnons icy tout à plat la coustume presque universelle de battre, fouetter, injurier et crier après les enfans, et les tenir en grande craincte et subjection, comme il se faict aux colleges : car elle est très inique et punissable, comme en un juge et medecin qui seroit animé et esmu de cholere contre son criminel et patient ; prejudiciable et toute contraire au dessein que l’on a, qui est de les rendre amoureux et poursuyvant la vertu, sagesse, science, honnesteté. Or ceste façon imperieuse et rude leur en faict venir la hayne, l’horreur et le despit ; puis les effarouche et les enteste, leur abat et oste le courage, tellement que leur esprit n’est plus que servile, bas et esclave ; aussi sont-ils traictez en esclaves. (…).