Page:Chasles - La Fiancée de Bénarès, 1825.djvu/30

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leurs rideaux de pourpre s’entr’ouvrent : infidèles à leurs devoirs sévères, les belles Laméas[1] rejettent leurs voiles, et osent suivre d’un regard curieux et avide le spectacle qui se déploie devant elles.

Voyez s’avancer lentement ces jeunes femmes, prêtes à périr ; ces esclaves qui doivent, aux cris joyeux de la foule, s’immoler sur le cadavre de leur maître. Derbishtar, rajah de Bénarès, est mort chargé d’années, redouté des peuples et fatigué de puissance. Les hommes qu’il tyrannisa, vivant, les épouses qui lui apportèrent en sacrifice leur beauté et leur jeunesse, doivent, cette nuit même, mourir sur les cendres du vieillard.

Malheur à toi, jeune fiancée ! c’est toi surtout qu’il faut plaindre ! Zemaly n’a pas seize ans. Belle et vierge encore, elle fut destinée au saint temple, aux retraites silencieuses du

  1. Jeunes filles.