Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/161

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AV. J.-C. 845. = 1792. 91

Lveurgue, chez un vieux peuple nourri sous une monarchie, immense dans sa population, et cor- rompu dans ses mœurs ; et sauver un grand pays sans armées, amolli dans la paix et expirant dans les convulsions politiques , de l'invasion de cinq cent mille hommes des meilleures troupes de l'Europe.

Ces forcenés seuls pouvoient en imaginer les moyens, et, ce qui est encore plus incroyable, parvenir, en partie, à les exécuter. Moyens exé- crables, sans doute, mais, il faut l'avouer, d'une conception gigantesque. Ces esprits raréfiés au feu de l'enthousiasme républicain , et pour ainsi dire réduits , par leurs scrutins épuratoires 1 , à la quintessence du crime , déployèrent à la fois une énergie dont il n'y a jamais eu d'exemple, et des forfaits que tous ceux de l'histoire mis ensemble pourroient à peine égaler.

Ils virent que, pour obtenir le résultat qu'ils se proposoient, les systèmes reçus de justice, les axiomes communs d'humanité, tout le cercle des principes adoptés parLycurgue ne pouvoient être utiles , et qu'il falloit parvenir au même but par un chemin différent. Attendre que la mort

1 On sait que les Jacobins expulsoient à certaines époques périodiques tous ceux de leurs membres soupçonnés de modé- rantisme ou d'humanité , et on appeloit cela un scrutin épura-

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