Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/165

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��AV. J.-C. 845. = 1792. 95

quelles que soient leurs opinions, de marcher sur les- traces des autres.

Voilà bien les rudiments dune force militaire ; mais il falloit l'organiser. Un comité, dont on a dit que les talents ne pouvoient être surpassés que par les crimes , s'occupe à lier ces corps dé- joints. Et ne croyez pas que les tactiques anciennes des César et des Turenne soient recherchées : non. Tout doit être nouveau dans ce monde d'une ordonnance nouvelle. Il ne s'agit plus de sauver la vie d'un homme et de ne livrer bataille que quand la perte peut être au moins récipro- que; l'art se réduit à un calcul de masse, de vitesse et de temps. Les armées se précipitent en nombre double ou triple , pour les masses ; les soldats et l'artillerie voyagent en poste de Nice à Lille, quant aux vitesses; et les temps sont toujours uns et généraux dans les atta- ques. On perdra dix mille hommes pour pren- dre ce bourg; on sera obligé de l'attaquer vingt fois 1 et vingt jours de suite; mais on le prendra. Quand le sang des hommes est compté pour rien , il est aisé de faire des conquêtes. Les déserteurs et les espions ne

1 A Sparte, lorsqu'un premier combat avoit été désavantageux, le général étoit obligé d'en livrer un autre. ( Xénophon , Hist. de Grèce. )

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