Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/179

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AY. J.-C. 509. z= OL. 67. 109

se fait entendre; soudain toute cette nation de femmes lève la tête. Se précipitant du milieu de leurs jeux, échappés aux voluptés et aux bras des courtisanes 1 , voyez ces jeunes gens, sans tentes, sans lits , sans nourriture , s'avancer en riant 2 contre ces innombrables armées de vieux soldats, et les chasser devant eux comme des troupeaux de brebis obéissantes 3 .

1 Herod. , lib. vin, cap. 28 ; Volt. , Henr. et Zaïre.

2 Diod.,lib. ix ; Yolt.,ibid. ; Mém. dugén. Dumouriez

3 Herod. , lib. ix, cap. 70; Mémoires du gén. Du- mouriez; Campagnes de Pichegru.

Léonidas, prêt à attaquer les Perses aux Thermopyles , disoit à ses soldats : « Nous souperons ce soir chez Pluton. » Et ils poussoient des cris de joie. Dans les dernières campagnes, un sol- dat françois, étant en sentinelle perdue , a l'avant-bras gauche emporté d'un coup de canon ; il continue de charger sous son moignon , criant aux Autrichiens , en prenant des cartouches dans sa giberne : « Citoyens , j'en ai encore. »

Voltaire a peint admirablement ce caractère des François :

C'est ici que l'on dort sans lit , Que l'on prend ses repas par terre. Je vois , et j'entends l'atmosphère Qui s'embrase et qui retentit De cent décharges de tonnerre : Et dans ces horreurs de la guerre Le François chante, boit et rit. Bellone va réduire en cendres Les courtines de Philipsbourg , Par quatre-vingt mille Alexandres Payés à quatre sous par jour. Je les vois , prodiguant leur vie ,

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