Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/213

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AV. J.-C. 509. = OL. 67. 143

Non , ce ne sont point ces transports que je regrette

le plus

Rends-moi cette étroite union des âmes que tu mavois annoncée , et que tu m'as si bien fait goûter; rends-moi cet abattement si doux , rempli par les effusions de nos cœurs ; rends-moi ce sommeil en- chanteur trouvé sur ton sein; rends-moi ce réveil plus délicieux encore, et ces soupirs entrecoupés, et ces douces larmes , et ces baisers qu'une volup- tueuse langueur nous faisoit lentement savourer, et ces gémissements si tendres , durant lesquels tu pressois sur ton cœur, ce cœur fait pour s'unir à lui ! 1 »

Bon jeune homme , qui lis ceci , et dont les les yeux brillent de larmes , à cet exemple de la fragilité humaine , cultive cette précieuse sensi- bilité , la marque la plus certaine du génie. Pour toi , homme parfait , que je vois dédaigneusement sourire , descends dans ton intérieur, applaudis- toi seul, si tu peux, de ta supériorité : je ne veux de toi , ni pour ami , ni pour lecteur 2 .

1 Nouv. Ilél. , tom. ii , i re . part. , pag. 1 1 7.

2 Ne croiroit on pas lire une de ces apostrophes grotesques que Diderot introduisoit dans l'Histoire des deux Indes , sous le nom de l'abbé Haynal? « O rivage d'Ajinga, tu n'es rien: mais tu as » donné naissance à Éliza , etc. »

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