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192 REVOLUTIONS ANCIENNES.

l'Egypte eût été une puissance indépendante au moment de la révolution grecque , elle auroit peut-être échappé à son influence ; mais elle ne formoit plus qu'une province de la Perse , et elle se trouva enveloppée dans les malheurs de l'em- pire auquel le sort l'avoit asservie.

L'antique royaume de Sésostris offroit alors des rapports frappants avec l'Italie moderne : gouver- né en apparence par des monarques , en réalite par un pontife maître de l'opinion, il secomposoit de magnificence et de foiblesse 1 ; on y voyoit de même de superbes ruines 2 et un peuple es- clave , les sciences parmi quelques-uns, l'igno- rance chez tous. C'est sur les bords du Nil que les philosophes de l'antiquité alloient puiser les lumières; c'est sous le beau ciel de Florence que l'Europe barbare a rallumé le flambeau des let- tres ' ; dans les deux pays elles s'étoient con- servées sous le voile mystérieux d'une langue savante , inconnue au vulgaire 4 . Ce fut encore le lot de ces contrées , d'être , dans leur âge res- pectif, les seuls canaux d'où les richesses des

1 L'Egypte fut presque toujours conquise par ceux qui vou- lurent l'attaquer.

2 Dans sa plus haute prospérité , elle étoit couverte des mo- numents en ruine d'un peuple ancien qui florissoit avant l'inva- sion des Pasteurs

3 Les Lycurgue , les Pythagore. Sous les Medicis.

4 La langue hiéroglyphique. Le latin.

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