Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/313

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\\ . J.-C. 509, 5* Ol, 67. M I

Cook cherchant des terres inconnues , non pour tromper les hommes, mais pour les éclairer, portant à de pauvres Sauvages les besoins de la vie, jurant tranquillité et bonheur sur leurs rives charmantes à ces enfants de la nature, semant parmi les glaces australes les fruits d'un plus doux climat, soigneux du misérable que la tempête peut jeter sur ces bords désolés, et imitant ainsi , par ordre de son souverain , la Providence, qui prévoit et soulage les maux des hommes 1 ; enfin , cet illustre navigateur res- serré de toutes parts par les rivages de ce globe, qui n'offre plus de mers à ses vaisseaux , et con- noissant désormais la mesure de notre planète, comme le Dieu qui l'a arrondie entre ses mains.

1 Si la philosophie a jamais rien présenté de grand, c'est suis doute lorsqu'elle nous montre les Anglois semant de graines nu- tritives les îles inhabitées de la mer du Sud. On se plaît à se fi- gurer < es colonies de végétaux européens , avec leur port , leur costume étranger, leurs moeurs policées, contrastant au milieu des plantes natives et sauvages des terres australes. On aime à se les peindre émigrant le long des côtes , grimpant llines , ou se répandant à travers les bois, selon les habi- tudes et les amours qu'elles ont apportées de leur sol natal : comme des familles exilées , qui choisissent de préférence dans le désert, les sites qui leur rappellent la patrie. Qu'un malheu- reux François , Anglois , Espagnol, se sauve seul sur un rivage peuph' de ( es herbes co-citoyennes de son village; que , prêt à inouï ii «le faim, il trouve soudain tout au fond d'un désert, a quatre- mille lieues de l'Europe , le légume familier de son pota- ger, le compagnon de son enfance , qui semble se réjouir de son arrivée ; ce pauvre marin ne croira-t-il pas qu'un dieu est des- eendu du ciel ?

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