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252 REVOLUTIONS ANCIENNES.

ment leurs fleuves rouloient un métal qui les décela à l'avarice. Les Tyriens , pour l'obtenir , trompèrent d'abord leur simplicité 1 . Les Cartha- ginois, bientôt les asservirent, et les forçant à ou- vrir les mines , les y plongèrent tout vivants 2 . Si ce livre traversoitles mers; s'il parvenoit jusqu'à l'Indien enseveli sous les montagnes du Potose ; il apprendroit que ses cruels maîtres ont autre- fois , comme lui , péri esclaves sous leur terre na- tale , qu'ils y ont fouillé ce même or pour une nation étrangère apportée chez eux par les flots. Cet Indien adoreroit en secret la Providence et reprendroit son hoyau moins pesant.

Au reste , il est probable que les troubles de la Grèce réagirent sur les malheureux habitants de l'Ibérie. Carthage, pour payer les frais de la guerre contre la Sicile , multiplia sans doute les sueurs de ses esclaves 3 . A chaque écu dépensé par le vice en Europe, des larmes de sang coulent dans les abîmes de la terre en Amérique. C'est ainsi que tout se lie , et qu'une révolution , comme le coup électrique , se fait sentir au même instant à toute la chaîne des peuples.

1 Diod. , lib. v, pag. 312.

2 Diod., lib. iv, cap. 312; Polyb. , lib. ni.

3 L'Ibérie fournit aussi des soldats , ainsi que les Gaules et l'Italie , à Carthage, pour l'expédition contre Syracuse.

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