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272 REVOLUTIONS ANCIENNES.

flexions attendrissantes , toujours revêtues du langage du cœur.

La mort est un bien pour tous les hommes. Elle est la nuit de ce jour inquiet qu'on appelle la vie. Le meilleur des livres, qui ne prêche que l'égalité , l'amitié , l'humanité et la concorde , l'E- vangile , a servi pendant des siècles de prétexte aux fureurs des Européens. . . . Après cela, qui se flattera d'être utile aux hommes par un livre ? Qui voudroit vivre s'il connoissoit l'avenir ? un seul malheur prévu nous donne tant de vaines inquiétu- des ! La solitude est si nécessaire au bonheur dans le monde même , qu'il me paroi t impossible d'y goûter un plaisir durable de quelque sentiment que ce soit, ou de régler sa conduite sur quelque principe stable, si l'on ne se fait une solitude in- térieure , d'où notre opinion sorte bien rarement , et où celle d'autrui n'entre jamais. Dans cette île, située sur la route des Indes , . . . quel Européen voudroit vivre heureux , mais pauvre et ignoré ? Les hommes ne veulent connoître que l'histoire des grands et des rois , qui ne sert à personne. Il n'y a jamais qu'un côté agréable à connoître dans la vie humaine : semblable au globe sur le- quel nous tournons , notre révolution rapide n'est que d'un jour ; et une partie de ce jour ne peut recevoir la lumière , que l'autre ne soit livrée aux ténèbres. La vie de l'homme, avec tous ses pro- jets, s'élève comme une petite tour, dont la mort

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