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288 REVOLUTIONS ANCIENNES.

cole et guerrier se montre entre des aulnes dans la vallée.

Lorsque les mœurs d'un peuple s'allient avec le paysage qu'il vivifie , alors nos jouissances re- doublent. L'ancien laboureur de l'Helvétie auprès de ses plantes alpines, d'autant plus robustes qu'elles sont plus battues des vents, végéta vi- goureusement sur ses montagnes, toujours plus libre en proportion des efforts des tyrans pour courber sa tête. Adorer Dieu , défendre la patrie , cultiver son champ, chérir et l'épouse et les enfants que le ciel lui a donnés , telle étoit la profession religieuse et morale du Suisse 1 . Ignorant le prix de l'or 2 , de même que le Scythe , il ne connoissoit que celui de l'indé- pendance. S'il paroissoit quelquefois au milieu

1 De Repub. Helvetior. , lib. i , pag. 50-58 , etc.

2 Après avoir fait le récit de la bataille où Charles le Témé- raire, duc de Bourgogne, fut tué par les Suisses, Philippe de Comines ajoute : » Les dépouilles de son host enrichirent fort ces pauvres gens de Suisses , qui , de prime face , ne connurent les biens qu'ils eurent en leur main , et par espécial les plus igno- rants. Un des plus beaux et riches pavillons du monde , fut dé- parti en plusieurs pièces. Il y en eut qui vendirent une grande quantité de plats et d'écuelles d'argent , pour deux grands blancs la pièce, cuidant que ce fust estaing. Son gros diamant (qui estoit un des plus gros de la chrestienté ) , où pendoit une grosse perle , fut levé par un Suisse ; et puis remis dans son estuy ; puis rejeté sous un chariot ; puis ce revint quérir , et l'offrir a un prestre pour un florin. Cestui-là l'envoya à leurs seigneurs , qui lui donnèrent trois francs , etc.... »

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