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AV. J.-C. 5QSK - OL. 67. 2<J9

querelles autres que celles de la patrie. Neutres dans les grandes révolutions des Etats qui les environnoient , ils s'enrichirent des malheurs d'autrui , et fondèrent une banque sur les ca- lamités humaines. Soumis en tout à la même fatalité, ils durent la perte de leurs mœurs aux peuples, ancien et moderne, qui ont eu le plus de ressemblance , les Athéniens et les François. A la fois objet de l'estime et des railleries de ces nations satiriques 1 , le montagnard des Alpes et le pasteur de lister apprirent à rougir de leur simplicité dans Paris et dans Athènes. Bientôt il ne resta plus rien de leur antique vertu brisée sur lécueil des révolutions. La tradition seule s'en élève encore dans l'histoire , comme on aperçoit les mats d'un vaisseau qui a fait nau- frage a .

1 On jouoit les Scythes sur le théâtre d'Athènes , comme on joue les Suisses sur ceux de Paris , pour leur prononciation étrangère du grec, du françois. Le grec n'étant plus une langue vivante, le sel des plaisanteries d'Aristophane est perdu pour nous. Je doute que ce misérable genre de comique fût d'un meilleur goût que la scène du Suisse dans Pourceaugnac.

' Ces trois chapitres , sur les trois âges de la Scy thie et de la Suisse , sont la surabondance d'^n esprit qui se plaît au tableau de la nature : ils ne sont pas plus dans le sujet de Y Essai que les trois quarts de l'ouvrage. J e- tois alors, comme Rousseau, grand partisan de l'état sau- flge , et j'en voulois à l'état social. Je me suis raccom-

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