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Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t3.djvu/212

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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

scène de l’octroiement des Provinces-Unies au prince Louis était préparée : on donna au château des Tuileries une seconde représentation de Louis XIV faisant paraître au château de Versailles son petit-fils Philippe V. Le lendemain il y eut déjeuner en grand gala, dans le salon de Diane. Un des enfants de la reine Hortense entre ; Bonaparte lui dit : « Chouchou, répète-nous la fable que tu as apprise. » L’enfant aussitôt : Les grenouilles qui demandent un roi. Et il continue :

  Les grenouilles, se lassant
  De l’état démocratique,
  Par leurs clameurs firent tant
Que Jupin leur envoie un roi tout pacifique.

Assis derrière la récente souveraine de Hollande, l’empereur, selon une de ses familiarités, lui pinçait les oreilles : s’il était de grande société, il n’était pas toujours de bonne compagnie[1].

Le 12 de juillet 1806 a lieu le traité de la confédération des États du Rhin ; quatorze princes allemands se séparent de l’Empire, s’unissent entre eux et avec la France : Napoléon prend le titre de protecteur de cette confédération[2].

  1. « Napoléon avait le ton d’un jeune lieutenant mal élevé. » Mes Souvenirs sur Napoléon, par le comte Chaptal, p, 322.
  2. Aux termes du Traité de la Confédération des États du Rhin, entre l’empereur Napoléon et quatorze princes du midi et de l’ouest de l’Allemagne, les intérêts communs des États confédérés devaient être traités dans une Diète siégeant à Francfort-sur-le-Mein et divisée en deux collèges, celui des rois et celui des princes. Dans le premier, siégeraient les représentants des rois de Bavière et de Wurtemberg, des grands-ducs de Bade, de