traire, ne sont jamais si énergiques que quand il en coûte à les remplir. Le temps est-il bon, ils se relâchent. J’aime un principe de gouvernement qui grandit dans le malheur : cela ressemble beaucoup à la vertu.
« Quoi de plus absurde que de crier aux peuples : Ne soyez pas dévoués ! n’ayez pas d’enthousiasme ! ne songez qu’à vos intérêts ! C’est comme si on leur disait : Ne venez pas à notre secours, abandonnez-nous si tel est votre intérêt. Avec cette profonde politique, lorsque l’heure du dévouement arrivera, chacun fermera sa porte, se mettra à la fenêtre et regardera passer la monarchie[1]. »
Tel était cet article sur la morale des intérêts et sur la morale des devoirs.
Le 3 décembre 1819, je remontai à la tribune de la Chambre des pairs : je m’élevai contre les mauvais Français qui pouvaient nous donner pour motif de tranquillité la surveillance des armées européennes. « Avions-nous besoin de tuteurs ? viendrait-on encore nous entretenir de circonstances ? devions-nous encore recevoir, par des notes diplomatiques, des certificats de bonne conduite ? et n’aurions-nous fait que changer une garnison de Cosaques en une garnison d’ambassadeurs ? »
Dès ce temps-là je parlais des étrangers comme j’en ai parlé depuis dans la guerre d’Espagne ; je songeais à notre affranchissement à une heure où les libéraux mêmes me combattaient. Les hommes opposés d’opinion font bien du bruit pour arriver au silence ! Laissez venir quelques années, les acteurs descen-
- ↑ Le Conservateur, tome I, p. 466.