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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

que si mes deux amis voulaient entrer au conseil comme ministres d’État sans portefeuille, le roi en serait charmé, promettant mieux pour la suite. Elle ajoutait que si je consentais à m’éloigner, je serais envoyé à Berlin. Je lui répondis qu’à cela ne tenait ; que quant à moi j’étais toujours prêt à partir et que j’irais chez le diable, dans le cas que les rois eussent quelque mission à remplir auprès de leur cousin ; mais que je n’acceptais pourtant un exil que si M. de Villèle acceptait son entrée au conseil. J’aurais voulu aussi placer M. Lainé auprès de mes deux amis. Je me chargeai de la triple négociation. J’étais devenu le maître de la France politique par mes propres forces. On ne se doute guère que c’est moi qui ai fait le premier ministère de M. de Villèle et qui ai poussé le maire de Toulouse dans la carrière.

Je trouvai dans le caractère de M. Lainé une obstination invincible. M. de Corbière ne voulait pas une simple entrée au conseil ; je le flattai de l’espoir qu’on y joindrait l’instruction publique. M. de Villèle, ne se prêtant qu’avec répugnance à ce que je désirais, me fit d’abord mille objections ; son bon esprit et son ambition le décidèrent enfin à marcher en avant : tout fut arrangé. Voici les preuves irrécusables de ce que je viens de raconter ; documents fastidieux de ces petits faits justement passés à l’oubli, mais utiles à ma propre histoire :