Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t4.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
184
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

gais. Je vis le grand-duc Nicolas et la grande-duchesse, nouvellement mariés et auxquels on donnait des fêtes. Je vis aussi le duc et la duchesse de Cumberland[1], le prince Guillaume[2], frère du roi, le prince Auguste de Prusse[3], longtemps notre prisonnier : il avait voulu épouser madame Récamier ; il possédait l’admirable portrait que Gérard avait fait d’elle et qu’elle avait échangé avec le prince pour le tableau de Corinne.

Je m’étais empressé de chercher M. Ancillon[4]. Nous nous connaissions mutuellement par nos ouvrages. Je l’avais rencontré à Paris avec le prince royal son

  1. Ernest-Auguste, duc de Cumberland, cinquième fils du roi d’Angleterre George III, né en 1771, mort en 1851, était le troisième des princes de la maison de Hanovre qui ait porté ce titre. Il avait épousé en 1815 la princesse Frédérique-Caroline-Sophie de Mecklembourg-Strélitz, née le 2 mars 1778, veuve en premières noces du prince Louis de Prusse et divorcée d’avec son second mari, prince de Salms-Braunfels. Elle s’était d’abord fiancée au duc de Cambridge, septième fils de George III, puis avait rompu avec lui pour épouser le duc de Cumberland. En 1837, le duc Ernest-Auguste a été appelé au trône de Hanovre, la loi salique en vigueur dans ce pays empêchant la reine Victoria de réunir les deux couronnes sur sa tête, comme ses prédécesseurs.
  2. Frédéric-Guillaume-Charles, frère du roi, né le 3 juillet 1783, marié le 12 janvier 1804 à Amélie-Marianne de Hesse-Hombourg.
  3. Fils du prince Ferdinand de Prusse et neveu du grand Frédéric. Il avait été fait prisonnier, le 10 octobre 1806, au combat de Saalfeld, où son frère aîné le prince Louis avait été tué.
  4. Jean-Pierre-Frédéric Ancillon (1766-1837), historien et homme d’État prussien, descendant de parents français émigrés à la suite de la révocation de l’édit de Nantes. Il avait publié en 1803 un Tableau des révolutions du système politique de l’Europe, qui lui fit prendre rang parmi les meilleurs historiens de l’époque. En 1806, il fut chargé par Guillaume III de l’éducation du prince royal, et en 1814 il vint à Paris avec son élève. Il devint en 1831 ministre des Affaires étrangères.