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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

voix sur l’Évangile. C’était ici le renouvellement de la monarchie ; on la pouvait recommencer avec la liberté et la religion : malheureusement on aimait peu la liberté ; encore si l’on avait eu du moins le goût de la gloire !

Ah ! que diront là-bas, sous les tombes poudreuses,
De tant de vaillants rois les ombres généreuses ?
Que diront Pharamond, Clodion et Clovis,
Nos Pepins, nos Martels, nos Charles, nos Louis.
Qui, de leur propre sang, à tous périls de guerre
Ont acquis à leurs fils une si belle terre ?

« Enfin le sacre nouveau, où le pape est venu oindre un homme aussi grand que le chef de la seconde race, n’a-t-il pas, en changeant les têtes, détruit l’effet de l’antique cérémonie de notre histoire ? Le peuple a été amené à penser qu’un rite pieux ne dédiait personne au trône, ou rendait indifférent le choix du front auquel s’appliquait l’huile sainte. Les figurants à Notre-Dame de Paris, jouant pareillement dans la cathédrale de Reims, ne seront plus que les personnages obligés d’une scène devenue vulgaire : l’avantage demeurera à Napoléon qui envoie ses comparses à Charles X. La figure de l’Empereur domine tout désormais. Elle apparaît au fond des événements et des idées : les feuillets des bas temps où nous sommes arrivés se recroquevillent aux regards de ses aigles. »