Page:Chateaubriand - Vie de Rancé, 2è édition, 1844.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
86
VIE DE RANCÉ

six ans que je ne parle que de dégagement et de retraite, et le premier pas est encore à faire ; cependant le cours de la vie s’achève, et l’on se réveille à la fin du sommeil, et l’on se trouve sans œuvres. Je désire tellement d’être oublié qu’on ne pense pas seulement que j’ai été. »

Il vendit sa vaisselle d’argent ; il en distribua le montant en aumônes, se reprochant les retards qu’il avait mis à secourir les nécessiteux. Il avait deux hôtels à Paris, dont l’un s’appelait l’hôtel de Tours : il les donna à l’hôtel-Dieu et à l’Hôpital général par acte passé devant les notaires Lemoine et Thomas. Pour dernier sacrifice il se défit de la terre de Véretz ; mais par un reste de faiblesse il accorda la préférence aux offres d’un de ses parents : ce parent ne put réaliser la somme, et le marché fut rétrocédé à l’abbé d’Effiat. Les cent mille écus que Rancé reçut de la vente furent à l’instant portés aux administrations des hôpitaux.

On lit des lettres modernes datées de Véretz : qui a osé écrire de ce lieu après le gigantesque Pénitent ? Dans les bois de Larçay, jadis propriété de Rancé, dans les parcs de Montbazon, parmi des noms qui rappelaient une ancienne vie, le 11 avril 1825 on trouva un cadavre. Le 10 d’avril, le jour finissant, une voix fut entendue : « Je suis