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VIE DE RANCÉ

d’entreprendre une profession qui ne veut que des âmes détachées, et que, mes passions étant aussi vivantes en moi qu’elles sont, j’ose entrer dans un état d’une véritable mort. Je vous conjure, monseigneur, de demander à Dieu ma conversion dans une conjoncture qui doit être la décision de mon éternité, et qu’après avoir violé tant de fois les vœux de mon baptême, il me donne la grâce de garder ceux que je lui vais faire, qui en sont comme un renouvellement, avec tant de fidélité que je répare en quelques manières les égarements de ma vie passée. »

Rancé écrivait à ses amis, le 13 avril 1663 : « Je suis persuadé que vous serez surpris quand vous saurez la résolution que j’ai formée de donner le reste de ma vie à la pénitence. Si je n’étais retenu par le poids de mes péchés, plusieurs siècles de la vie que je veux embrasser ne pourraient satisfaire pour un moment de celle que j’ai passée dans le monde. »

L’abbé de Prières s’employa principalement auprès de la reine mère afin d’obtenir du roi pour que Rancé pût tenir son abbaye en règle. Louis XIV agréa la requête, mais à la condition qu’à la mort de cet abbé régulier La Trappe retournerait