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VIE DE RANCÉ

nal de Retz était revenu à Rome. Il reçut bien son ami le converti, et le força d’accepter chez lui un logement. Rancé ne tira aucun fruit du passage du coadjuteur à Rome, si ce n’est quelques audiences inutiles qu’il lui fit obtenir du pape. Le rôle actif du chef de la Fronde était fini : il y a un terme à tout ce qui n’est pas de la grande nature humaine.

Le cardinal de Retz était petit, noir, laid, maladroit de ses mains ; il ne savait pas se boutonner. La duchesse de Nemours confirme ce portrait de Tallemant des Réaux : « Le coadjuteur vint, dit-elle, en habit déguisé, voir le cardinal Mazarin. M. le Prince, qui sut cette visite, en parla au cardinal, lequel lui tourna fort ridiculement et le coadjuteur, et son habit de cavalier, et ses plumes blanches et ses jambes tortues ; et il ajouta encore à tout le ridicule qu’il lui donna que s’il revenait une seconde fois déguisé, il l’en avertirait, afin qu’il se cachât pour le voir, et que cela le ferait rire. »

Les portraits du cardinal de Retz n’offrent pas ces difformités : dans l’air du visage il a quelque chose de froid et d’arrogant de M. de Talleyrand, mais de plus intelligent et de plus décidé que l’évêque d’Autun.

Né à Montmirail, au mois d’octobre 1614 d’une