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LIVRE QUATRIÈME

fois dans ma vie le trône du roi de la terre. »

La cour de Rome, qu’avaient en vue les réformes trop austères de La Trappe, s’opposait aux exagérations de ses serviteurs ; Rancé annonçait son habileté en réveillant la passion du pouvoir dans le cœur de Louis XIV.

Dans tous les bruits répandus, les uns dénonçaient Rancé pour sa doctrine, prétendant qu’elle n’était pas pure ; les autres le taxaient d’hypocrisie, les autres lui reprochaient d’introduire dans l’ordre des voies nouvelles. Le roi, vers la fin d’octobre 1673, lui accorda pour juger la question les commissaires qu’il avait demandés, l’archevêque de Paris, le doyen de Notre-Dame, MM. de Caumartin, de Fieubet, de Voisin et de La Marquerie.

Ses adversaires faisaient en même temps des démarches à Rome contre lui. « Pour un moine, disait Rancé, il n’y a pas de réputation qui lui soit due. Il n’est que pour être homme d’opprobre et d’abjection. »

On popularisait ces sentiments hostiles en les répandant dans des vers qui ne valaient pas ceux de notre grand chansonnier, mais qui marquaient déjà la trace par où la France devait arriver à une immortalité qui n’appartient qu’à elle. On