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LIVRE QUATRIÈME

continué dans tout ce qui était resté du même nom. »

Le duc de Guise, mari de mademoiselle d’Alençon, n’avait qu’un pliant devant sa femme : il ne mangeait qu’au bout de la table, encore fallait-il qu’on lui eût permis de s’asseoir.

M. Boistard, capitaine employé à Saint-Cyr, a bien voulu me communiquer un recueil manuscrit contenant vingt-sept lettres de l’abbé de Rancé à madame de Guise. La lettre écrite du 3 mars 1692 parle de la mort d’un solitaire de la Trappe. Ces lettres parlent aussi de Jacques II : « On est inexorable, dit Rancé, pour ceux qui n’ont pas la fortune de leur côté. » Rancé affirme, dans la lettre du 7 septembre 1693, « que le propre d’un chrétien est d’être sans souvenir, sans mémoire et sans ressentiment. » Quand on a, un siècle plus tard, vu passer 1793, il est difficile d’être sans souvenir.

Louis XIV avait de l’affection pour madame de Guise, bien qu’il s’emportât contre elle lorsqu’elle s’enfuit à La Trappe sur le bruit que le prince d’Orange allait descendre en France. Quand elle allait à l’abbaye, elle y passait plusieurs jours. Madame de Guise mourut à Versailles, le 17 mars 1696 ; elle avait vendu à Louis XIV le palais d’Or-