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LIVRE QUATRIÈME

Bossuet composa à la Trappe l’avertissement du Catéchisme de Meaux. En 1686 l’orateur mit fin à ses Oraisons funèbres par le chef-d’œuvre qu’il prononça devant le cercueil du grand Condé. En 1696 s’en alla à Dieu Sobieski, ancien mousquetaire de Louis-le-Grand. Sobieski entra dans Vienne par la brèche qu’avait ouverte le canon des Turcs. Les Polonais sauvèrent l’Europe, qui laisse exterminer aujourd’hui la Pologne. L’histoire n’est pas plus reconnaissante que les hommes.

La Trappe était le lieu où Bossuet se plaisait le mieux : les hommes éclatants ont un penchant pour les lieux obscurs. Devenu familier avec le chemin du Perche, Bossuet écrivait à une religieuse malade : « J’espère bien vous rendre, à mon retour de la Trappe, une plus longue visite, » paroles qui n’ont d’autre mérite que d’être jetées à la poste en passant et d’être signées : Bossuet.

Bossuet trouvait un charme dans la manière dont les compagnons de Rancé célébraient l’Office divin : « Le chant des Psaumes, dit l’abbé Ledieu, qui venait seul troubler le silence de cette vaste solitude, les longues pauses de Complies, le son doux, tendre et perçant du Salve Regina, inspiraient au prélat une sorte de mélancolie religieuse. » À la Trappe il me semblait en effet,